Cadou

5 ans

 Josiane et Michel Gendek

Le plaisir de partir un 22 mars de l'an 1997, avec notre âne Cadou, chargé de notre équipement, pour une aventure qui ne relevait ni d'une tentative de record, pas même celle de réaliser un exploit, nous remplissait de joie.

La perspective de faire des rencontres, d'admirer des paysages au pas de l'âne, de vivre comme des retraités heureux, de prendre un peu de temps pour faire le vide, rompre, un instant, avec ce qui fut notre vie active faite de rendez-vous, d'activités multiples, tout cela nous rendait heureux.

Après avoir parcouru environ 1.000 kilomètres, de Nantes à Arles, nous avons décidé d'arrêter ce voyage.

Parcourir environ 1.000 kilomètres sur les routes et sentiers de France, pendant plus de deux mois, ce fut génial. La plupart du temps sous le soleil, même si le matin, en sortant de la tente, nous constations que le gel avait empêché Cadou de se désaltérer, nous avancions au rythme de 15 à 30 kilomètres par jour en nous ménageant de temps à autre un ou deux jours de repos, soit pour visiter, soit pour assurer l'entretien et veiller à la santé de notre porteur.

Au pas de l'âne nous avancions donc, en traversant de merveilleux paysages que l'on pouvait apprécier autrement qu'en voiture ou à bicyclette.

Le vignoble nantais, la Sèvre nantaise, la Venise Verte en Vendée, la Charente à Angoulême, Brantôme, Les Eyzies, Gourdon, Saint-Cirq-Lapopie et la vallée du Lot, Villefranche-du-Rouergue, Inières et son église fortifiée, les Causses noirs, le Tarn et la Jonte, La vallée de la Dourbie, Le Vigan, la Camargue, autant de lieux superbes pour nous émerveiller.

Salués, encouragés, interrogés, nous n'en finissions pas de raconter ce qui avait motivé notre choix de partir pour cette aventure.

"C'est mon rêve qui passe", disait haut et fort une personne qui s'était arrêtée sur le côté de la route pour nous laisser passer, et pour nous dire qu'avec une meilleure santé elle aurait voulu aussi faire de même.

Nous n'avons comptabilisé ni le nombre de caresses que Cadou a reçues, ni le nombre de fois où il a fallu se mettre à la disposition de photographes amateurs pour la photo-souvenir. Quelle affection pour notre compagnon de route.

A Gourdon, la circulation a été interrompue pendant cinq bonnes minutes par un car arrêté au beau milieu de la route en centre ville pour permettre aux touristes allemands descendus de leur véhicule de ramener au pays le souvenir de deux randonneurs accompagnés de leur âne.

C'est réel, nous l'avons constaté, l'âne constitue un excellent moyen de communication. Les enfants en particulier, sont très attirés par cet équidé très sympathique qui ne rechigne pas à être entouré par un groupe de jeunes souvent empressés de lui donner quelque chose à manger, comme ce garçon qui est allé déranger son boulanger de père pour que Cadou puisse goûter au bon pain frais du matin.

Quant aux adultes, mis à part quelques rares fois où certains nous assimilaient à deux vagabonds dont il fallait se méfier, quelle spontanéité pour accueillir !

Que ce soit en compagnie d'amis ou de ceux qui le sont devenus, combien de soirées à discuter pour mieux se connaître, se comprendre, échanger sur leur pays, sur les événements, parfois essayer de refaire le monde...

Quelle chance avions-nous de rencontrer des gens aux histoires différentes de la nôtre. Quelle chance avions-nous aussi de constater que l'amitié peut naître, si nous le voulons bien, tout en respectant nos différences.

C'est vrai que cette modeste aventure restera, pour nous, un souvenir inoubliable. Nous ne savons pas ce que Cadou en pense, mais nous avons bien l'impression qu'il est impatient de repartir pour de nouveaux périples.

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Quelques photos

Josiane au travail
Avant le départ
Tendresse et papy


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