Partis le 12 avril 1997 de la Place de la Duchesse Anne à Nantes, ils arrivaient au Pont de Recouvrance, en bas de la rue de Siam, à Brest, le 4 mai après une marche de 600 kilomètres.
Ce samedi 12 avril, une bande de copains me rejoignait sur la Place de Ia Duchesse Anne. L'un d'eux avait apporté une bouteille de muscadet, et le verre à la main, ils me souhaitaient bonne route. Deux d'entre eux m'accompagnaient pour quelques kilomètres, et chemin faisant, terminaient la première étape, qui, si j'en crois le podonnètre, faisait 42 km. Là, le gite était assuré au Bredeloup.
Certains me demandent si la marche nécessite un entraînement particulier, ce à quoi je réponds négativement, car à chaque voyage je n'ai effectué aucune préparation particulière.
Le 13 avril, je remonte vers le nord-nord-ouest en direction de la Vilaine que j'atteindrai le 14 en franchissant le pont de Beslé (région de Redon).
Là commmence la randonnée sur le chemin de halage de la Vilaine.
Le mardi 15, je fais quelques courses dans une épicerie de Guipry et la brave dame me remet deux sacs, l'un avec les fruits et conserves, l'autre avec des carottes et du pain pour mon compagnon Mordicus. Il y a des situations où un tel geste vous donne du baume au coeur et vous regaillardit pour la suite.
Je dirais que tous les chemins de halage que j'ai empruntés depuis quelque années, tels que les canaux Bretons ou le canal latéral à la Garonne, sont dans l'ensemble assez monotones. Je dirai la même chose pour Ia forêt des Landes où les routes parfaitement rectilignes n'en finissent pas. Par contre, tous ces chemins offrent la tranquilité, et le compagon peut être détaché en toute sécurité. Il n'y a qu'à le suivre et les kilomètres défilent.
Traversée de Rennes au pont du Mail en pleine ville sans problème : le chemin continue cette fois sur le halage du Canal d'IIIe et Rance. Il fait toujours beau depuis le départ, avec des nuits fraîches sous la tente, mais avec la gelée du matin les poumons s'oxygènent, et vous êtes d'attaque pour le prochain tronçon.
Direction Dinan où je me repose chez des amis dans un cadre magnifique où Mordicus est dorlotté. Puis en route pour dinard en suivant le GR de la Rance. Nous sommes le 20 - paysages au lever du soleil sur la baie avec vue sur Saint-Malo, un seul mot : "Exceptionnel"
En route par le chemin des douaniers aménagé en GR. Je suis toujours la côte, mais coupe au plus court pour rejoindre Erquy, car j'ai un rendez-vous important, mon dernier fils et un copain avec lesquels nous partageons un bon dîner. Je couche à l'hotel et Mordicus dehors...
Les bagages fixés sur le bât sont légers, un sac pour le couchage avec tente, duvet et matelas, l'autre sac étant réservé aux effets du muletier et à la nourriture de l'âne prévue pour 3 ou 4 jours et représentant un mélange d'orge et d'avoine applatis. (une dose de 1Kg/ jour distribué en deux fois - avant le départ du matin et après le déjeuner. Le tout avec le bât fait 30 Kg.
Et puis c'est la baie de Saint-Brieuc, qui à marée basse découvre sur des kilomètres et des kilomètres, c'est spectaculaire. Une culture de moules de bouchot est exploitée et les tracteurs agricoles rouillés sillonnent cette immense plage de sable avec des remorques de moules pleines à craquer.
Samedi 26 avril : le temps se gâte et il pleut. Je quitte Lanvollon et marche vers Pontrieux. Là je monte la tente dans un terrain de camping et peux prendre une douche, qui chasse l'humidité... Que voulez-vous, c'est un moment à passer!
Il faut accepter toutes les situations, bien mettre dans sa tête avant le départ que certains éléments sont loin de la vie courante et qu'il faut oublier les pantoufles. Il peut pleuvoir plusieurs jours, on peut être pris pour un clochard, se faire engueuler par un automobiliste impatient, se faire refuser une chambre d'hôtel ... et j'en passe...
Le 28 départ pour Saint-Michel-en-Grève par des petites routes agréables. Dans les Côtes d'Armor, les maisons et propriétés ont du caractère, finalement on passe trop vite, même à pied.
De là je suis la plage, pieds nus sur le sable dur, à côté de l'eau, puis je coupe pour rejoindre la chapelle Sainte-Catherine. J'entre dans le Finistère en passant sur un pont qui coupe la baie et me voici quelques kilomètres plus loin devant un plat de moules frites sur le Port de Loquirec. A peine servi, la patronne m'apporte du pain de la veille et un seau d'eau pour Mordicus...
Nous filons vers Plouganou et Morlaix ou des copains nous reçoivent. Le long du chemin des douaniers nous nous arrêtons à Caplan à Guimarec. La particularité de l'établissement, c'est un café ou l'on vend des livres, mais croyez moi l'arrêt ou le détour en vaut la chandelle.
Un ami me fait savoir que je ne pourrai pas continuer par le chemin des douaniers car à certains endroits il y a des cheminées, mais étant plus têtu que mon âne je passe outre. C'est vrai, il y a des escaliers raides et interminables, mais ça passe. Mordicus a l'habitude de la montagne, c'est un isard!... Je ne vous raconte pas le paysage avec au loin la baie de Morlaix, les îles et les cailloux. Le soleil est au rendez-vous, c'est paradisiaque.
Tout à une fin et c'est le dernier tronçon. Je longe les grèves jusqu'à Goulven et découvre la côte du Léon appelée à cet endroit la côte des légendes. Dans le temps on dit que l'on attachait des torches sur les cornes des vaches pour attirer les bateaux sur les rochers.
Je vous conseille, que ce soit à pied, à cheval ou en voiture, de découvrir cette côte qui est différente des autres. C'est une succession de petites plages de forme elliptique séparées par des massifs rocheux, et bien entendu la mer est émaillée de rochers granitiques.
C'est le jeudi 3 mai que je découvre les abers et cée sera à l'Aber Benoit que les deux compères , Antoine et Mordicus prendront le chemin pour Brest, plein Sud.
Arrivée à Brest-Recouvrance à 19h30 le dimanche 4 mai - fin du voyage -
Conclusion : voyage exceptionnel par la qualité des images et leur variété, dues en particulier à la lumière et aux teintes du ciel breton. Si tu me poses la question : Pourquoi tu randonnes et qu'est-ce que ça t'apporte, je te répondrai : "essaye et tu comprendras"...
Antoine et Mordicus, le 25 mai 1998
Antoine CAPELLE
16, rue du Narhouët
56000 Vannes
tél 02-97-63-30-31
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